Métiers bien payés que personne ne veut faire : top des jobs à saisir

Les métiers bien rémunérés mais impopulaires représentent souvent une opportunité professionnelle sous-estimée. Cet article décrypte les raisons de leur désaffection, identifie les plus prometteurs en termes de salaires et de débouchés, et expose les parcours de formation adaptés. Destiné aux décideurs RH, consultants emploi ou responsables de formation, le contenu met en lumière des pistes concrètes pour répondre aux tensions de recrutement dans des secteurs clés, tout en misant sur des profils prêts à sortir des sentiers battus.

Pourquoi certains métiers bien rémunérés restent-ils boudés malgré les besoins du marché ?

Des conditions de travail jugées trop pénibles ou peu attractives

Plusieurs métiers offrent des rémunérations attractives mais peinent à recruter, en raison de conditions de travail jugées difficiles, répétitives ou peu valorisantes. Ce phénomène touche en particulier les secteurs de l’industrie, du transport, du bâtiment ou encore de la propreté. Les horaires atypiques, les cadences soutenues, l’exposition au bruit ou aux risques physiques, mais aussi le manque de reconnaissance sociale pèsent lourd dans le désengagement des candidats. Par exemple, selon les données de la DARES (Ministère du Travail), les métiers de la manutention comptent parmi les plus pénuriques malgré un salaire médian supérieur au SMIC et de réelles perspectives d’évolution.

Les conditions d’exercice sont souvent un frein au recrutement, indépendamment du niveau de rémunération. Un rapport de la Direction Générale du Travail (DGT), mentionné dans le cadre des discussions autour de la réforme des conditions de travail en 2023, souligne que 68 % des salariés exposés à un travail physiquement exigeant déclarent vouloir en changer dans les cinq années à venir. Ce chiffre interpelle particulièrement dans un contexte où certains postes sont indispensables au bon fonctionnement de secteurs stratégiques (logistique, BTP, agroalimentaire).

Face à ces difficultés, les entreprises ont tout intérêt à repenser leur approche : amélioration des équipements ergonomiques, organisation du temps de travail plus souple, dispositifs de montée en compétences, mais aussi meilleure valorisation de la fonction dans les communications RH. L’enjeu est double : fidéliser les salariés en poste et séduire les nouveaux profils, parfois éloignés du terrain mais sensibles à la stabilité de l’emploi et aux parcours évolutifs proposés.

Des conditions de travail jugées trop pénibles ou peu attractives

Un manque de reconnaissance sociale et de valorisation

Au-delà des conditions de travail, un autre facteur largement sous-estimé contribue à la désaffection envers certains métiers pourtant bien rémunérés : le déficit de reconnaissance sociale. Dans l’imaginaire collectif, certaines tâches sont perçues comme subalternes ou peu valorisantes, même lorsqu’elles sont techniquement complexes ou essentielles au bon fonctionnement de l’économie. Les postes dans le nettoyage industriel, la collecte des déchets, le machinisme agricole ou encore certaines spécialités de la maintenance en milieu industriel illustrent ce phénomène : indispensables mais invisibles, ces professions souffrent d’une image dévalorisée.

Ce manque de visibilité s’explique aussi par l’absence d’une véritable représentation positive dans les médias, l’orientation scolaire ou les discours institutionnels. Contrairement aux métiers dits « prestigieux », ces fonctions sont peu évoquées lors des forums étudiants, ne bénéficient d’aucune valorisation symbolique forte et peinent à créer de la fierté d’appartenance. Selon une enquête menée par le Céreq en 2022, plus de 60 % des jeunes de moins de 25 ans déclarent ne pas envisager certains métiers, non pas en raison des salaires, mais parce qu’ils les trouvent « socialement mal perçus ».

Il reste pourtant des leviers d’action. À titre d’exemple, le dispositif Reconnaissance des Compétences Acquises (RCA), encadré par l’article L6111-1 du Code du travail, permet de mieux valoriser les savoir-faire techniques des salariés par la certification ou la VAE (Validation des Acquis de l’Expérience). D’autres initiatives, comme les campagnes institutionnelles menées par Pôle emploi ou des fédérations professionnelles, visent à redorer l’image de ces métiers dans l’opinion publique et à susciter un regain d’intérêt durable. Une approche coordonnée entre entreprises, institutions éducatives et partenaires sociaux est essentielle pour changer durablement les perceptions.

Un manque de reconnaissance sociale et de valorisation

Des risques physiques, sanitaires ou psychologiques souvent dissuasifs

Certains métiers bien rémunérés accumulent pourtant des risques professionnels élevés, véritable repoussoir pour de nombreux candidats. Ces risques peuvent être de nature physique (manutentions lourdes, chutes, exposition à des agents chimiques), sanitaire (contact avec des substances toxiques, infections en milieu hospitalier ou carcéral), ou encore psychologique (stress chronique, isolement, gestion de situations conflictuelles ou dangereuses). Ces facteurs rendent particulièrement difficiles certains postes pourtant clés dans les secteurs du bâtiment, de la santé, du traitement des eaux usées, de la sécurité ou encore de la maintenance industrielle.

Selon les données issues du Dossier Annuel de la CNAMTS sur les risques professionnels (2023), près de 35 % des arrêts de travail longue durée dans l’industrie et le BTP sont liés à des troubles musculo-squelettiques (TMS), tandis que les risques liés à la santé mentale en entreprise sont en augmentation constante (+11 % sur les 5 dernières années). Ce contexte pousse de nombreux professionnels à envisager une reconversion, malgré la stabilité contractuelle et le bon niveau de rémunération initial.

Le cadre juridique impose pourtant des obligations claires via le Code du travail (articles L4121-1 à L4121-5), obligeant l’employeur à évaluer les risques et à mettre en place les mesures de prévention adéquates. Mais dans la pratique, la perception de l’insécurité ou de l’inconfort demeure forte, y compris en présence d’équipements de protection ou de protocoles opérationnels.

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Pour les recruteurs BtoB, il devient donc stratégique de renforcer leur politique de prévention des risques, de mieux informer les candidats sur les dispositifs de sécurité en place, et d’investir dans des outils d’accompagnement psychologique (ligne d’écoute, coaching post-incident, formations à la gestion du stress). Des arguments directement utilisables dans les discours de marque employeur pour rassurer les profils qualifiés mais hésitants.

Liste des métiers bien payés que peu de personnes souhaitent exercer

Liste | Professions techniques et industrielles fortement rémunérées mais en tension

Certains métiers techniques et postes industriels combinent de hauts niveaux de rémunération et une forte tension sur le marché du travail, en raison d’un déficit structurel de main-d’œuvre qualifiée. Il s’agit souvent de fonctions stratégiques pour le bon fonctionnement d’industries clés (énergie, production, infrastructures), fréquemment négligées lors des parcours d’orientation. Voici une liste actualisée de professions en tension identifiées comme fortement valorisées en termes de salaires, mais souffrant d’un manque de candidats, selon le rapport de France Stratégie 2023 et les données de Pôle emploi.

  • Soudeur industriel : métier clé du secteur de la métallurgie, avec des salaires pouvant débuter à 2 200 € net/mois et dépasser les 3 000 € après quelques années d’expérience. Très recherché dans l’aéronautique, la pétrochimie et le naval, notamment en zones rurales ou portuaires.
  • Electromécanicien : technicien de maintenance capable d’intervenir sur des installations électriques et mécaniques. Recrutement tendu dans les industries agroalimentaires et pharmaceutiques. Salaire médian de 2 600 € selon l’INSEE.
  • Conducteur de ligne automatisée : opérateur en charge de la supervision de chaînes de production. Niveau bac à bac+2. Une pénurie de profils persiste depuis 2021, malgré des rémunérations attractives (jusqu’à 2 800 € avec primes).
  • Technicien en instrumentation et régulation : spécialité rare et très recherchée dans la transition énergétique. Les postes dans les centrales ou les sites de production d’énergie verte affichent des rémunérations > 3 000 € mensuels.
  • Technicien en froid et climatisation : au croisement du bâtiment, de l’énergie et du tertiaire. Métier sous tension structurelle, avec une demande croissante liée aux normes énergétiques. Rémunération en hausse continue (de 2 000 à 3 500 € selon expérience et certifications).

Ces métiers exigent souvent des certifications spécifiques (CACES, habilitations électriques, CAP/BEP techniques, BTS maintenance industrielle…), mais restent accessibles via l’alternance, la formation professionnelle ou les dispositifs de reconversion comme le CPF de transition ou les Campus des Métiers et des Qualifications, institutionnalisés par la loi n°2018-771 du 5 septembre 2018 pour la liberté de choisir son avenir professionnel. Pour les DRH et cabinets de recrutement, identifier ces compétences cibles constitue un levier stratégique pour pallier les pénuries tout en renforçant l’attractivité de filières discrètes mais porteuses.

Liste | Métiers du secteur funéraire, de la gestion des déchets ou de l’assainissement

Les secteurs du funéraire, de la gestion des déchets et de l’assainissement regroupent des métiers encore trop souvent délaissés malgré leur importance vitale pour la collectivité et des niveaux de rémunération souvent au-dessus de la moyenne nationale. Ces professions souffrent d’un déficit d’image persistant, mais offrent pourtant des opportunités de carrière stables dans un contexte de renouvellement générationnel et de mutation écologique. Voici une liste structurée de métiers à fort potentiel dans ces domaines, assortie d’informations sur leur cadre réglementaire et leurs perspectives d’évolution :

  • Agent de pompes funèbres : chargé de l’organisation des obsèques et de l’accompagnement des familles. Ce métier nécessite une habilitation délivrée par la préfecture (article R.2223-23 du Code Général des Collectivités Territoriales) et une formation spécifique. Le salaire peut atteindre 2 500 € net/mois avec ancienneté et spécialisation.
  • Thanatopracteur : spécialisé dans les soins de conservation du corps avant inhumation. Activité encadrée par le décret n°95-653 du 9 mai 1995. Revenu mensuel variant de 2 200 à plus de 3 000 € selon l’emplacement géographique et le volume d’interventions.
  • Conducteur de bennes à ordures ménagères : un rôle clé dans la gestion des déchets urbains. Nécessite le permis C et une formation à la sécurité. Les salaires commencent souvent autour de 1 900 € net/mois avec majorations pour travail de nuit ou jours fériés.
  • Éboueur – ripeur : agent de collecte, souvent en binôme avec le conducteur. En tension dans les grandes métropoles. Accès facilité par les concours territoriaux (catégorie C). Salaire d’entrée aux alentours de 1 800 €, avec possibilité d’évolution vers chef d’équipe ou agent technique qualifié.
  • Agent d’assainissement : intervient sur les réseaux d’eaux usées ou pluviales. Métier indispensable confronté à un déficit de vocation. Salaire d’entrée entre 1 900 € et 2 400 €, avec un potentiel d’évolution vers les postes de technicien d’interventions réseau ou chef de secteur.
  • Technicien de station d’épuration : assure le fonctionnement des installations de traitement des eaux usées. Requiert un BAC Pro ou un BTS GEMEAU (Gestion et Maîtrise de l’Eau). Positionné dans une dynamique de croissance des métiers « verts », il bénéficie de primes techniques et d’un positionnement très recherché par les collectivités.
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Ces métiers, parfois associés à des environnements exigeants, bénéficient de régimes particuliers de reconnaissance (indemnités spécifiques, régime de retraite anticipée dans certains cas) et s’inscrivent dans une logique de service public ou d’écologie industrielle. Pour les structures RH ou les collectivités en quête de profils solides, la mise en valeur de ces fonctions à travers des campagnes de recrutement ciblées, des formations qualifiantes et la modernisation des conditions d’exercice (véhicules adaptés, outils ergonomiques, équipements de sécurité renforcés) constitue un levier de différenciation face à la concurrence du secteur privé. Ces métiers sont, par ailleurs, pleinement intégrés aux enjeux de la transition écologique, dans le cadre des orientations stratégiques précisées par le Plan National de Gestion des Déchets établi par le ministère de la Transition écologique (2021-2027).

Tableau | Métiers pénibles mais essentiels : données sur salaires, diplômes, et perspectives

Dans un contexte de transformation du marché du travail, plusieurs métiers essentiels confrontés à une pénurie de main-d’œuvre restent sous-évalués en dépit de leur importance stratégique. Ces professions, bien que jugées pénibles ou peu attractives, offrent des perspectives d’évolution solides, des rémunérations compétitives et s’inscrivent dans des dynamiques économiques durables. Le tableau ci-dessous synthétise les caractéristiques clés de ces emplois en croisant les données issues de la DARES, de France Compétences et de Pôle emploi. Il constitue un outil d’aide à la décision pour les responsables RH, recruteurs ou gestionnaires de parcours professionnels.

Métier Diplôme requis Salaire moyen net/mois Spécificités du poste Perspective d’évolution
Chauffeur poids lourd Permis C + FIMO 2 200 à 2 800 € Horaires décalés, longues distances, charge mentale Formateur, exploitant transport, chef de parc
Agent de maintenance industrielle BEP à BTS / CQP 2 500 à 3 200 € Travail posté, en environnement à risque, astreintes Superviseur, responsable maintenance
Aide-soignant(e) DEAS – Diplôme d’État 1 900 à 2 300 € Effort physique, pénibilité émotionnelle, horaires complexes Infirmier(ère) après formation professionnelle
Éboueur (ripeur) CAP / Sans diplôme (préparation concours) 1 800 à 2 400 € Tâches répétitives, travail en extérieur, conditions météo Chef d’équipe de collecte, agent technique encadrant
Technicien réseaux d’assainissement BAC Pro MELEC ou BTS métiers de l’eau 2 300 à 2 900 € Milieu confiné, odeurs fortes, interventions d’urgence Responsable d’exploitation, ingénieur maintenance
Opérateur de déchetterie CAP / CACES / Formation interne 1 900 à 2 600 € Manipulation d’objets lourds, contact public, gestion incidents Chef de site, coordinateur environnement

Ces postes requièrent une résilience physique et psychologique, mais constituent des piliers de secteurs tels que la santé, l’industrie, la logistique ou encore les services à l’environnement. Les perspectives d’évolution sont renforcées par la mise en œuvre de dispositifs publics comme le Pro-A (reconversion ou promotion par l’alternance), instauré par l’article L6324-1 du Code du travail, et les aides à la formation continue pilotées par France Compétences. Investir dans la reconnaissance de ces métiers est donc un enjeu tant économique que sociétal.

Comment accéder à ces carrières délaissées mais lucratives ?

Les formations disponibles, de courte durée ou qualifiantes, accessibles sans diplôme

Il existe aujourd’hui un éventail conséquent de formations professionnelles de courte durée, accessibles sans condition de diplôme, destinées à accompagner les profils en reconversion ou les candidats éloignés de l’emploi vers des métiers en tension mais bien rémunérés. Ces formations ciblent les compétences opérationnelles immédiatement mobilisables en entreprise et sont souvent financées par des dispositifs publics ou par les branches professionnelles. Elles peuvent prendre la forme de certificats de qualification professionnelle (CQP), de formations certifiantes inscrites au RNCP (Répertoire national des certifications professionnelles) ou encore de modules courts dispensés par les Pôles Emploi, GRETA ou organismes labellisés Qualiopi.

Parmi les options les plus répandues :

  • Les Préparations Opérationnelles à l’Emploi (POE I ou POE Collective) : dispositifs encadrés par l’article L6326-1 du Code du travail, permettant d’acquérir les compétences spécifiques à un poste en tension via une formation allant de 400 à 600 heures.
  • Le contrat de professionnalisation : accessible dès 16 ans, sans condition de diplôme, il permet de se former tout en étant rémunéré. Les secteurs de la logistique, du BTP, de l’industrie ou des services prioritaires utilisent massivement ce levier pour former leurs futures recrues.
  • Les titres professionnels délivrés par le Ministère du Travail : disponibles dans des domaines comme la maintenance industrielle, le transport routier de marchandises (TP Conducteur routier), la propreté ou l’assistance aux personnes. Ces formations sont souvent accessibles sans prérequis scolaire, sous réserve de réussite à un test de positionnement.

La VAE – Validation des Acquis de l’Expérience (régie par les articles L6411-1 à L6412-3 du Code du travail) constitue également une voie de reconnaissance particulièrement adaptée aux profils ayant exercé une activité professionnelle sans diplôme initial. Pour des fonctions techniques ou managériales, elle permet d’obtenir un titre ou un diplôme équivalent à un CAP, un bac pro ou un titre RNCP en valorisant l’expérience sur le terrain.

À noter également, le rôle croissant des “bootcamps métiers” proposés par des acteurs privés ou des structures d’insertion professionnelle, visant à former en quelques semaines aux compétences essentielles de secteurs ciblés : conduite d’engins, soudure, tri-recyclage, hygiène hospitalière, etc. Ces formats courts, intensifs et axés sur l’employabilité sont plébiscités pour leur agilité et leur taux de placement élevé. Une veille active sur les appels à candidature diffusés par les OPCO, missions locales ou conseils régionaux permet d’identifier les meilleures opportunités de montée en compétences, même sans formation initiale diplômante.

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Les compétences clés recherchées : gestion du stress, rigueur, capacité physique

Les métiers bien rémunérés mais peu prisés partagent une constante : ils exigent des compétences comportementales et physiques spécifiques, sans lesquelles l’adéquation au poste est compromise. En premier lieu, la gestion du stress est incontournable. Dans des environnements où les urgences sont fréquentes (maintenance industrielle, intervention en milieu confiné, collecte de déchets ou transport), la capacité à garder son sang-froid représente une compétence décisive. Elle fait d’ailleurs partie des soft skills régulièrement évaluées lors des entretiens, notamment dans les secteurs logistiques et techniques. Le référentiel de compétences du RNCP (Répertoire national des certifications professionnelles) cite la capacité à « analyser rapidement une situation problématique et y apporter une réponse adaptée » comme une exigence récurrente dans les fiches métiers de ces domaines.

Ensuite, la rigueur est un levier central de performance et de sécurité. Des secteurs comme l’énergie, l’assainissement ou le transport lourd reposent sur une exécution sans faille des protocoles, où l’erreur humaine peut avoir de lourdes conséquences. La précision des gestes, le respect strict des consignes, et une traçabilité systématique sont des attendus fondamentaux. Les dispositifs de formation continue comme la Pro-A l’intègrent dans leurs modules d’apprentissage (article L6324-1 du Code du travail), en insistant sur l’attitude professionnelle et le sens des responsabilités des personnels opérationnels.

Enfin, la capacité physique constitue une exigence souvent sous-estimée. Les tâches répétitives, le port de charges, les manipulations d’outillage ou l’exposition aux intempéries nécessitent une endurance soutenue. Le Code du travail, notamment à travers l’article R4541-1, rappelle l’obligation de former les salariés aux gestes et postures, ce qui témoigne de l’importance donnée à cette compétence dans les politiques de prévention. Cette dimension physique est d’ailleurs intégrée dans certains dispositifs de pré-recrutement, où des tests d’aptitude sont réalisés en amont de l’embauche. Pour les services RH, identifier ces aptitudes en amont du processus de recrutement constitue un levier pour réduire le turn-over et mieux orienter les parcours d’intégration.

Les aides à la reconversion et incitations pour les métiers en tension

Face aux difficultés persistantes de recrutement dans certains secteurs économiques dits « en tension », les pouvoirs publics ont mis en place une série de mesures incitatives favorisant la reconversion professionnelle. Ces dispositifs visent à encourager les transitions vers des métiers peu attractifs mais pourtant essentiels, en supprimant les barrières d’entrée telles que le manque de qualification, l’incertitude financière ou l’absence de visibilité sur un projet professionnel concret.

Parmi les aides disponibles figure en premier lieu le Projet de Transition Professionnelle (PTP), anciennement appelé « CPF de transition ». Réglementé par les articles L6323-17 à L6323-19-1 du Code du travail, ce dispositif permet à un salarié justifiant d’une certaine ancienneté de s’absenter de son poste pour suivre une formation qualifiante vers un métier porteur, tout en étant rémunéré. Il cible particulièrement les reconversions vers des fonctions techniques ou manuelles en tension, identifiées localement par les COM (Commissions paritaires interprofessionnelles régionales).

Un autre mécanisme clé est le dispositif Transitions Collectives (Transco), prévu par l’ordonnance n°2021-165 du 10 février 2021, qui permet à une entreprise confrontée à un risque de reconversion massive d’accompagner ses salariés vers des métiers porteurs identifiés par les observatoires régionaux. Transco est financé par l’État et les OPCO, et couvre jusqu’à 100 % des frais pédagogiques, y compris les bilans de compétences initiaux.

Pour les demandeurs d’emploi, le programme Aide Individuelle à la Formation (AIF), géré par Pôle emploi, prend en charge tout ou partie du coût d’une formation qualifiante vers un métier ciblé par la liste régionale des métiers en tension. Ce financement peut être complété par l’allocation Formation de Retour à l’Emploi (AFRE), garantissant le maintien des indemnités pendant la durée de la formation.

Enfin, les entreprises elles-mêmes peuvent solliciter des primes à l’embauche ou à la professionnalisation. Par exemple, une aide financière forfaitaire de 6 000 € est accessible pour tout contrat de professionnalisation en alternance conclu avec un salarié de moins de 30 ans, dans un secteur jugé prioritaire (selon le décret du 29 décembre 2022 relatif aux contrats d’apprentissage).

À travers ces multiples leviers, la reconversion vers les métiers structurellement délaissés devient une option crédible et soutenue, tant pour les individus que pour les employeurs. Le bon usage de ces dispositifs implique néanmoins un pilotage attentif par les ressources humaines, notamment sur l’identification des filières cibles, l’éligibilité aux aides, et la contractualisation avec les organismes formateurs reconnus par France Compétences.